Quand un roman historique déborde du cadre

On m’a demandé récemment si c’était voulu de n’avoir pas mis en scène la trahison de Pichegru dans mon roman Coup de froid sur Amsterdam (paru en février aux Éditions du 81). La réponse est oui, et pour une raison très simple : cela aurait été en avance sur l’époque.

Petit rappel des faits : en janvier 1795, où mon roman se situe, le général Charles Pichegru est à la tête de l’armée du Nord, qui vient de conquérir la Belgique et la Hollande. D’origine roturière, il est un parfait exemple des « hommes nouveaux » de la Révolution française, officiers sortis du rang qui prouvent qu’il n’est pas besoin d’ancêtres nobles pour devenir des héros et gagner des batailles. Il est au faîte de sa popularité… Mais quelques mois plus tard, en août 1795, il commence à entretenir des contacts avec des agents royalistes qui le convainquent de soutenir leur cause : il pourrait devenir, lui assurent-il, l’homme qui fait revenir le Roi en France, et gagnerait là un titre de gloire en plus de substantiels avantages en argent et biens divers.

Pichegru ainsi retourné aurait dû faire marcher ses troupes en soutien de l’offensive des Coalisés contre la France en novembre 1795. Mais l’épreuve de force n’eut pas lieu à ce moment-là : le gouvernement d’alors, le Directoire, qui se doutait de quelque chose, le rappelle in extremis. La République l’a échappé belle.

Cependant, au moment où se déroule mon Coup de froid, tout cela est dans le futur ! Impossible de faire plus qu’évoquer les tentations qui pouvaient s’offrir au chef de l’armée du Nord : les cadeaux et autres formes de corruption, la flatterie, le souci aussi de son avenir, car même s’il était arrivé au sommet de la hiérarchie militaire, il ne pouvait savoir de quoi l’avenir serait fait. Les régimes en France se succédaient à un rythme dangereux, et le héros d’un jour pouvait être le paria du lendemain. Et déjà, le Comité de salut public se méfiait des généraux trop en vue, craignant un coup d’État militaire… C’est d’ailleurs ce qui allait arriver un peu plus tard avec Bonaparte, le 18-Brumaire.

Bref, je ne pouvais qu’esquisser toutes ces possibilités, pas les raconter en détail. Mais il y a un point sur lequel je pouvais anticiper un peu, et combler par la fiction une lacune historique : comment le gouvernement a-t-il appris que Pichegru tramait quelque chose ? Du moins comment en a-t-on eu vent fin 1795, à temps pour l’écarter ?

Dans mon roman, on le verra, cela fait partie des indices mis au jour par le détective amateur Antoine Dargent, lui-même en poste à l’armée du Nord comme lieutenant, et chargé de débrouiller une mystérieuse affaire de meurtre. Au cours de l’enquête, il tombe sur un complot royaliste aux vastes ramifications, avec des rumeurs sur l’implication possible d’un certain général Pichegru… Pour l’instant, il n’y a pas de preuve, mais qui sait ? Le germe de soupçon ainsi planté a pu contribuer à mettre la puce à l’oreille des autorités.

Dans la suite de l’Histoire, Pichegru, éloigné des armées, passe alors à un militantisme politique. Il sera bientôt député d’opposition, puis arrêté et exilé lors du coup de force de 1797, après que l’arrestation d’un agent royaliste ait mis aux mains du Directoire des documents prouvant sa trahison.

Mais comme on se souvient, c’est un des éléments de mon précédent roman Mort d’une Merveilleuse, paru l’an dernier aux Éditions du 81. Encore une enquête où Antoine Dargent est confronté aux complots des ennemis de la Révolution, et doit louvoyer entre des partis royalistes qui se drapent dans la rhétorique du droit et de l’honneur, mais pratiquent plutôt sur le terrain la corruption et les coups de couteau. En face, le pouvoir issu de la Révolution se crispe, en panne de légitimité, et l’irruption du fameux Bonaparte avec ses victoires en Italie préfigure ce qui va bientôt advenir. Napoléon réussira ce que Pichegru aurait pu faire, mais n’a pas osé : terminer la Révolution non pas au profit des Bourbons, mais pour lui-même.

Le reste, bien sûr, fait partie d’une Histoire que nous connaissons tous.

Agents ou coachs littéraires, intérêts en conflit

Vous voulez publier mais vous n’êtes pas introduit dans le sérail de l’édition ? Vous avez un roman dans votre tiroir, ou un scénario, ou un recueil de recettes ? Ou bien peut-être que vous avez déjà un ou deux textes publiés à votre actif, mais vous pensez que l’éditeur actuel ne les met pas assez en valeur ? Vous voulez aller plus loin dans la carrière des lettres ?

Dans tous les cas, il ne serait pas étonnant que vous ouvriez votre moteur de recherche favori pour y taper les mots magiques : « agents littéraires ».

Hélas, avant que les résultats ne vous fassent danser des étoiles devant les yeux, arrêtons-nous un peu sur la définition du dit agent. Car il n’y a pas que des protagonistes potentiels de la série Dix pour cent dans la liste. Faisons le point.

L’agent, ou agente littéraire (il y a pas mal de femmes dans le métier), on connaît : c’est une personne qui propose ses services pour mettre en relation les auteurs et les éditeurs. Un peu comme les agents artistiques pour la musique, le cinéma ou le théâtre, ce sont des intermédiaires qui connaissent très bien le milieu et qui savent où et avec qui tel créateur a le plus de chance de trouver du succès. Une valeur ajoutée qui se paie : typiquement, l’agent demande à l’écrivain ou l’écrivaine de lui reverser un petit pourcentage des rémunérations obtenues grâce à son concours. Et c’est normal : sans le travail de l’agent, l’auteur n’aurait pas eu les mêmes opportunités et aurait sans doute gagné beaucoup moins.

Corollaire important : si l’agent ne parvient pas à vous trouver un contrat d’édition ou d’adaptation, alors l’agent ne touche pas non plus de rémunération. Donnant, donnant. Pas d’argent si pas de contrat. Une question de transparence et d’intégrité.

Logo de l'Alliance des agents littéraires français (AALF) et du SFAAL (Syndicat français des agents artistiques et littéraires)

Ces agents sont répertoriés comme tels au SFAAL (Syndicat français des agents artistiques et littéraires) et travaillent avec des professionnels de l’édition ou de l’audiovisuel. Beaucoup n’ont pas de contact direct avec les auteurs mais servent d’intermédiaires quand un éditeur cherche des opportunités de traduction à l’étranger ou d’adaptation cinéma ou télé. Du moins en France, où les agents qui représentent des écrivains sont assez peu nombreux. La profession est beaucoup mieux établie en Angleterre, au Canada, et bien sûr aux USA. Chez nous, il y a encore cette mystique de la relation privilégiée entre auteurs et éditeurs, pour le meilleur comme pour le pire. Néanmoins il y a quelques agences littéraires qui ont pignon sur rue à Paris, et pas seulement pour les écrivains dont tout le monde a entendu parler, les grands noms des prix littéraires et des plateaux télé. Il n’est pas impossible, au moins en théorie, pour un ou une débutante d’intéresser une agence et de mettre ainsi le pied à l’étrier.

Mais revenons à notre liste de résultats de recherche. Parmi eux, certains prestataires s’intitulent « agent » mais proposent d’autres services : conseiller ou coach éditorial… Contre rémunération, bien sûr.

C’est là qu’il faut être très clair. La garantie offerte à l’auteur par un agent littéraire classique, c’est de ne pas demander d’argent avant de lui avoir trouvé un éditeur. C’est un puissant incitatif ! De cette façon, l’intérêt de l’agent et celui de l’auteur coïncident, et tout le monde sait où il en est. Mais un prestataire du type coach se fait payer pour relire les manuscrits, conseiller des changements, guider dans la recherche d’éditeurs… Tout cela sans garantie de résultat.

Dit autrement, quand un auteur passe par un agent pour trouver un éditeur, lui et l’agent se rémunèrent sur ce que verse au final l’éditeur, tandis qu’un auteur qui prend un coach avance des fonds et n’est absolument pas sûr de rentrer ensuite dans son argent.

Une différence de taille. On peut même parler de conflit d’intérêt, puisque celui de l’auteur et celui du coach divergent : le coach sera payé même si l’auteur ne trouve jamais d’éditeur, et donc il n’y a pas vraiment pour lui d’incitation à l’efficacité. C’est une constatation, pas une accusation, je le précise. Juste la description d’un état de faits.

Ces prestataires sont souvent des gens qui ont travaillé dans des maisons d’édition et qui ouvrent une activité indépendante, mais il y a aussi des entreprises plus grosses, avec de véritables plateformes de services où les auteurs sont invités à s’inscrire gratuitement au début, sans engagement… En pratique cependant, il faudra mettre la main à la poche pour bénéficier de plus que le strict minimum. Chez Edith Et Nous, par exemple, on peut s’inscrire gratuitement et mettre un manuscrit sur la plateforme, mais si on veut que plus de 5 éditeurs le lisent, il faut payer l’abonnement. Librinova est une autre forme de service hybride puisqu’il s’agit aussi d’un prestataire d’autoédition.

En fait, la logique de ces coachs n’est pas celle de l’auteur classique qui cherche à être édité à compte d’éditeur, mais celle de l’auteur entrepreneur, celui ou celle qui envisage de s’autoéditer.

On passe là dans un autre monde, et c’est important de le réaliser. Dans le schéma traditionnel, c’est l’éditeur qui est un entrepreneur, qui fait la mise de fond pour fabriquer et mettre en vente les livres. Les auteurs apportent leurs textes, pas leur argent. En contrepartie, l’éditeur est décisionnaire absolu pour tout ce qui est commercial, depuis le choix de publier ou non le livre jusqu’au visuel de couverture.

Si l’auteur décide de prendre les choses en main, il devient son propre éditeur, qu’il passe ou non par un prestataire. Avec l’Internet, de nos jours, c’est fréquemment le cas : il est plus pratique d’utiliser une plateforme comme celles d’Amazon, Le Publieur, Librinova ou Les Éditions du Net, pour n’en citer que quelques unes, que de tout faire par soi-même, depuis la maquette du livre jusqu’au choix de l’imprimeur. Ces services sont plus ou moins efficaces, plus ou moins simples à utiliser, mais une personne qui sait où elle veut aller et a quelque talent pour la promotion de son livre peut en tirer parti de façon spectaculaire. On a tous en tête quelques exemples d’auteurs autoédités qui ont tiré leur épingle du jeu. Mais l’auteur fait toujours une mise de fond au départ, en temps, en argent, ou les deux

Reste que les services offerts par Edith Et Nous et autres coachs font un peu du mélange des genres : ils proposent un avis professionnel sur le manuscrit, des conseils d’amélioration du texte, ce qui peut être un bon investissement pour un auteur qui veut s’autoéditer, mais ils se présentent aussi comme des intermédiaires pour trouver un éditeur classique… Attention aux mirages !

Un bon moment au salon L’Autre Livre

Ça y est, le Festival du livre de Paris est passé, y compris le salon « off » de l’association L’Autre Livre. J’y étais samedi 13 après-midi pour des dédicaces sur le stand de mon éditeur, les Éditions du 81. Joli étalage, non ?

Photo du stand des éditions du 81 avec mes romans

En plus des éditeurs, Yves et Margot, j’ai eu l’occasion de rencontrer Davier, l’auteur du roman policier La Lettre de change, paru en 2023. C’est quelqu’un d’intéressant, qui a eu en quelques sortes plusieurs vies, sur le plan littéraire comme pour le reste. Son bouquin était aussi bien mis en évidence, comme on voit.

C’était un moment sympathique. Hélas, il n’y avait pas vraiment foule comme public. Était-ce l’effet du premier jour de beau temps d’avril, ou bien un manque d’information dans la presse sur le salon « off », contrairement à ce qui se passe par exemple au festival d’Avignon ? En tout cas on n’a pas vu de candidats aux élections venir chercher la lumière de ce côté. Tous étaient au Grand Palais.

Dommage pour l’édition indépendante et la bibliodiversité !

J’ai tout de même eu l’occasion de dédicacer mon roman Coup de froid sur Amsterdam et de parler métier avec quelques auteurs et éditeurs. Par exemple, Margot Reibel a raconté le « test de l’écran » pour juger de la qualité d’un manuscrit, chose qui peut être souvent subjective : lire à l’écran étant plus fatigant que sur papier, c’est bon signe si on n’a pas envie d’arrêter la lecture ! C’est signe que le texte tient la route.

Il y a eu des choses agaçantes, bien sûr : je visiteur qui s’arrête devant le bouquin de Lovecraft et qui passe un quart d’heure à râler sur ce « fasciste » en bloquant le stand, et bien sûr sans rien acheter. Ou les gens qui disent « je vais faire un tour et je reviens » et qu’on ne revoit pas.

Mais j’ai vu plein de nouveaux livres. J’ai découvert de nouveaux éditeurs (mention spéciale pour les Monts métallifères, aux livres noirs sur la tranche) et ramené un bouquin sur Napoléon et je rétablissement de l’esclavage publié aux éditions Idem, qui explorent l’histoire coloniale.

Et puis on a parlé d’IA, de propriété intellectuelle, des changements de goûts des lecteurs, d’édition en région, et de divers projets qui nous tiennent à cœur.

Promis, dès que je peux, je dévoilerai les miens ici.

Les Éditions du 81 au salon L’Autre Livre du 12 au 14 avril : dédicaces et rencontres

C’est cette semaine : vendredi, samedi et dimanche, du 12 au 14 avril, les Éditions du 81 seront au salon L’Autre Livre, au Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, à Paris 11e. C’est un salon du livre alternatif, celui des petits éditeurs indépendants, hors des sentiers battus.

Venez nombreux ! Je serai notamment là samedi 13 après-midi à partir de 14h pour des dédicaces de Coup de froid sur Amsterdam.

La bande son pour écrire

Affiche française du film Le Guépard (1963) de Luchino Visconti, avec Burt Lancaster, Claudia Cardinale et Alain Delon

J’en ai déjà parlé, un de mes rituels d’écriture est de mettre de la musique avant d’ouvrir Word ou Scrivener.

Mais au fait, quelle musique ?

En ce moment, c’est surtout des bandes originales de films : celle de Barry Lindon, par exemple, pleine de compositions du XVIIIe siècle, mais aussi celle créée par Nino Rota pour Le Guépard de Visconti.

Alternativement, j’aime bien avoir en arrière-plan un peu de musique d’époque. Haendel, Mondonville, Mysliveček (oui, celle du film Il Boemo), mais aussi les Sinfonie milanese composées en Italie après la Révolution française. On est ici en plein dans l’ambiance du roman que je suis en train d’écrire.

C’est un peu le trip actuel. À d’autres moments, j’ai plutôt mis Leonard Cohen en boucle, ou bien de la musique électronique. Mais j’avoue que pour écrire des aventures autour de 1800, les sons contemporains sont de bons compagnons de route.

Forme olympique : à la rencontre des sportives de l’époque romaine

Couverture du roman Augusta Helena, tome 2

Je n’écris pas seulement des romans sur la Révolution ou l’Empire : on se rappellera que j’ai aussi commis un bon vieux peplum avec Augusta Helena, qui se passe au temps de Constantin, à l’époque romaine. On y parle beaucoup des passe-temps antiques sportifs ou apparentés : courses de chars, lutte, pancrace, combats de gladiateurs, chasse et pêche…

Et puis il y a un épisode inspiré par la fameuse mosaïque dite « des bikinis » à la villa du Casale, à Piazza Armerina en Sicile, datée du IVe siècle, précisément comme le roman.

Mosaïque romaine antique représentant des femmes en tenue légère ressemblant à un bikini et faisant des exercées sportifs
Mosaïque de la villa du Casale (Photo Yann Forget)

On voit rapidement pourquoi ce surnom : les personnages représentés sont des femmes en tenue très légère, une sorte de petite culotte et de soutien-gorge faisant comme un bikini. Elles sont en bonne forme physique, avec des muscles bien dessinés, et sont engagées dans divers exercices athlétiques : course, haltères, disque, jeux de balle ou de volant…

Y avait-il vraiment beaucoup de femmes dans l’Antiquité romaine  qui faisaient du sport ? Non, pas à ce que nous savons. Les femmes de l’aristocratie n’y étaient pas encouragées et les femmes du peuple n’avaient tout simplement pas ce loisir.

Mais les historiens pensent aujourd’hui qu’il existait des sortes de sportives professionnelles, des femmes qui faisaient des démonstrations d’athlétisme lors des fêtes publiques ou chez de riches clients amateurs d’hellénisme. Les exercices du stade étaient après tout associés à la culture grecque, aux concours tels que les Jeux olympiques, et donc avaient un certain cachet social. Il y avait l’exemple historique des femmes spartiates, qui pratiquaient le sport à titre d’entretien physique, au grand scandale des très misogynes Athéniens.

On peut penser que pour beaucoup de Romains, tout cela était une excuse pour reluquer des femmes quasi nues : un spectacle un peu exotique et à prétentions culturelles, un peu comme les gens qui se pressaient aux démonstrations de danses asiatiques ou africaines en Occident lors des Expositions coloniales.

Mais c’était aussi une opportunité pour quelques femmes qu’on appellerait aujourd’hui des sportives de haut niveau, qui y trouvaient un gagne-pain et aussi une façon de pratiquer une activité où elles excellaient. Qui étaient-elles ? Honnêtement, nous n’avons pas beaucoup d’informations dans les sources documentaires. Mais ça n’empêche pas d’y suppléer par l’imagination.

J’ai ainsi pris ces images de Piazza Armerina et les ai mises en scène, en insérant quelques uns de mes personnages, en les laissant s’approprier le cadre et les enjeux de la compétition, et puis les émotions aussi qui pouvaient se donner cours chez les spectateurs comme chez les participantes.

Oserais-je dire que je n’en suis pas mécontente ? Reste à voir ce qu’en pensent les lectrices et lecteurs !

Jeux, hasard et tripots

« Mais d’où sors-tu tout ça ? »

La question revient souvent. Hier encore, quelqu’un qui avait lu mon roman Coup de froid sur Amsterdam me demandait comment j’avais fait pour écrire des scènes comme celles de la maison de jeu, où des personnages jouent et trichent sans vergogne à un jeu de carte aujourd’hui un peu oublié, le pharaon, qui au XVIIIe et XIXe avait un peu la vogue sulfureuse du poker.

D’autres lecteurs m’avaient fait la même remarque avec les scènes de jeu de whist (un ancêtre du bridge) dans Mort d’une Merveilleuse. Mais en fait, ce n’est pas très compliqué. Si on s’intéresse à ces sujets, on trouve vite des sites comme le Salon des Jeux, « Académie des jeux anciens » où sont détaillées les règles du pharaon, du whist, de la bassette, du piquet, du lansquenet et bien d’autres.

Les informations sont prises aux meilleures sources d’époque, à commencer par L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, et d’autres dictionnaires anciens qui contiennent de nombreuses descriptions de jeux mais aussi des discussions sur les probabilités de gagner ou perdre, car les jeux ont été dès le XVIIe siècle une source d’inspiration pour les mathématiciens aussi bien que les flambeurs. On peut aussi trouver divers autres guides et manuels de jeux anciens numérisés sur Gallica, ainsi que des ouvrages sur les astuces des tricheurs. Un genre qui a toujours eu beaucoup de succès, pensons aux mémoires de Vidocq. Les archives policières sont évidemment une mine : François-Alphonse Aulard, vers les années 1900, a publié des recueils passionnants sur la petite histoire de Paris sous Thermidor, puis le Directoire et le Consulat, tous accessibles en ligne.

Il y a également les anecdotes historiques, égrenées dans les mémoires et lettres du temps, et souvent exploitées par les historiens plus récents. On sait ainsi comment on jouait à la cour de Versailles et dans les tripots du Palais-Royal, et que la reine Marie-Antoinette elle-même s’était prise d’une passion pour le pharaon et autres jeux où on jouait gros.

Enfin, il ne faut pas négliger les ressources de la littérature : de nombreux auteurs des XVIIIe et XIXe siècles ont mis en scène les jeux de cartes ou de tables dans leurs contes et leurs romans. Balzac, Pouchkine, E.T.A. Hoffmann, l’abbé Prévost, Voltaire, Thackeray… On est plongé avec eux dans les émotions des joueurs, dans l’ambiance d’une table de bouillotte ou une banque de pharaon. Et peu à peu, on se prend au jeu aussi, et on se pique de ressusciter sur la page une partie, sans risque pour nous… mais pas toujours dommage pour les personnages qui s’y livrent !

Quels projets à présent ?

Couvertures de mes trois romans policiers historiques de la série Capitaine Dargent, parus aux éditions du 81

Faisons le point. Avec la parution de Coup de froid sur Amsterdam le mois dernier, cela me fait en tout cinq romans au compteur, dont trois pour la série Capitaine Dargent, aux Éditions du 81, des polars historiques qui se déroulent sous la Révolution et l’Empire. Des aventures qui m’ont menée jusqu’ici à Calais, Paris, Amsterdam… Et ensuite ?

Eh bien, ma foi, on continue ! J’ai déjà terminé un quatrième tome, qui se situe en Angleterre durant la paix d’Amiens en 1802, bref intermède durant les guerres napoléoniennes, et je travaille actuellement à un cinquième qui aura pour cadre le nord de l’Italie, juste au lendemain de Marengo. Un peu de voyage dans l’espace aussi bien que dans le temps ! Et je peux garantir que j’ai assez de sujets en tiroir pour poursuivre jusqu’en 1815 et au-delà.

Pas trop mal, vous me direz, pour une série commencée au printemps 2020 ?

Ce n’est pas tout. Je laisse un peu de côté mon tout premier roman, L’Héritier du Tigre, une aventure de fantasy située dans un monde imaginaire, qui a trouvé une seconde vie sur Internet après la faillite de l’éditeur d’origine, et qu’on peut désormais lire ou relire sur la plateforme Vivlio Stories.

Et puis il y a Augusta Helena, mon gros roman historique publié en deux tomes aux Éditions du 81. Celui-là explore le monde antique aux débuts de l’empire romain chrétien. On suit son héroïne, Hélène, mère de l’empereur Constantin, de Rome jusqu’à Jérusalem, lors du grand périple au cours duquel elle a découvert (ainsi du moins le dit la légende) la plus importante relique du Christ : la Vraie Croix. Une aventure humaine autant qu’une enquête policière sur des meurtres mystérieux dans l’entourage impérial.

Je l’ai écrit un peu avant de me lancer dans la série révolutionnaire, mais je n’exclus pas d’y revenir un jour, qui sait…

Acheter en librairie sur Internet

Logo du réseau Librairies indépendantes : un L majuscule stylisé évoquant un livre ouvert

Il n’a jamais été aussi facile d’acheter un livre. (Des livres papiers, s’entend. Pour les livrels, c’est encore plus facile puisqu’il n’y a pas d’objet matériel.) Mais peut-être est-ce l’abondance d’offre qui fait hésiter ? En plus des grandes chaînes comme la Fnac et Cultura, sans compter les enseignes régionales (Le Furet du Nord, Decitre, Fontaine…) ou encore les supermarchés, en plus du géant en ligne Amazon, il y a de nombreuses librairies physiques qui ont une vitrine sur Internet.

Comment ça marche ? Très simple : vous allez par exemple sur le site portail :

https://www.librairiesindependantes.com/

Là, vous cherchez le titre souhaité. Puis vous sélectionnez dans la liste des libraires qui le proposent celui qui vous convient. On peut retenir un livre dans une boutique près de chez soi ou bien se le faire envoyer. Plus qu’à régler, évidemment.

Un exemple ici avec mon dernier roman Coup de froid sur Amsterdam : on clique, on choisit une librairie, et le tour est joué !

Ce portail regroupe d’autres réseaux tels que :

* Place des Libraires

* Les Libraires

* La Librairie

Et c’est sans compter les enseignes qui ont leur propre site de vente en ligne, comme Mollat à Bordeaux, Ombres Blanches à Toulouse, Ici Grands Boulevards à Paris ou Le Pain de 4 Livres en Essonne, ou les groupes comme La Procure et Gibert.

Couverture du roman

Autant de chemins qui mènent au même but : un bouquin, bientôt dans vos mains.

Lovecraft chez les Éditions du 81

Couverture du livre "De vagues fragments d'un rêve dans lequel je n'ai rien à faire", lettres choisies de H. P. Lovecraft, avec un dessin d'une créature étrange aux nombreux tentacules

Du nouveau chez les Éditions du 81 : la semaine prochaine paraît une sélection de lettres de H. P. Lovecraft, De vagues fragments d’un rêve dans lequel je n’ai rien à faire, traduites par Vincent-Pierre Angouillant. On connaît déjà celui-ci comme photographe et artiste graphique, mais c’est aussi un passionné du « visionnaire de Providence », comme on surnomme cet auteur clef de la littérature fantastique du XXe siècle, et même de la littérature tout court, n’en déplaise à certains critiques allergiques aux monstres et à l’imaginaire.

Or en plus d’un assez modeste nombre de nouvelles et autres textes de fiction, Lovecraft était aussi un épistolier prolifique, et ses lettres offrent un aperçu fascinant sur sa vie d’auteur, ses sources d’inspiration, son humour caustique et les étranges contradictions de sa vision du monde.

Je suis assez accro à Lovecraft moi-même. Parmi les romans commencés et inachevés que j’ai commis quand j’étais adolescente, il y avait une tentative de roman policier macabre très inspiré par L’Affaire Charles Dexter Ward, ainsi que par des nouvelles comme « Le monstre sur le seuil ». Ce mélange de pessimisme radical et d’imagination cosmique a quelque chose qui ne se laisse pas facilement oublier.